Je voulais initialement pêcher au plus près de la maison et j'avais décidé de me faire une session "pêche ruisseau" sur le Garo vers Plouguin.

En arrivant sur les lieux, le Garo est noir de boue et le niveau d'eau est asez élevé. La veille, mardi, une bonne pluie s'est abattue sur la région (15 mm aux alentours de 14h00) . Inutile d'y mettre les bottes.

Je pousse donc vers l'Aber Wrac'h en espérant y trouver une eau teintée et haute.

Arrivé sur mon lieu de pêche vers les 16h00, je constate effectivement que les grains du matin ont arrosé copieusement le bassin versant de l'Aber. L'eau est assez haute, le débit plus fort  que la normale d'étiage, et surtout l'eau est teintée et transporte quantité de résidus. Bref, idéal ! Je remarque également la présence de quelques mouches de mai alors que je n'en ai pas vules jours précédents. Intéressant...

Et puis une mouche qui pond, et se pose, et se renvole, et se repose et puis plouf (!) elle disparait happée par une belle truite dont j'ai aperçu l'échine.

Je troque mon sedge en place de la veille par une Panama bien grassouillette et je démarre la pêche. J'insiste sans doute un peu trop sur la truite repérée car elle ne remonte pas.

Un peu plus haut un gobage ne donnera rien. Et ça regobe au-dessus d'un herbier. Pas vilain à priori. Je dépose la Panama à plusieurs reprises... et enfin gobage ! Le poisson est pendu !

Monstrueux ! C'est monstrueux ! Ma Loomis (DT3) est arquée mais garde du répondant. Des coups de tête. Le poisson dévale et passe devant moi. Truite de mer ? Castillon ? Il fait facilement ses 50 cm. 

Je pense au 14/100ème qui me lie à ce magnifique poisson...

Le poisson va me gratifier d'une succession de chandelles pour se débarasser de ma Panama. Il passe dans mes pieds, repart, revient plusieurs fois près de moi. Chaque chandelle est un risque majeur de casse. 

...et je n'ai pas pris l'épuisette !

A la dizième chandelle, malgré toute mon attention à maintenir le contact sans brider excessivement et juste en laissant travailler la canne, le poisson retombe sur mon bas de ligne. Je reçois le bas de ligne en pleine poire, le noeud d'attache de la mouche a lâché.

C'est la tragédie ! Certains auraient jeté leur canne violemment, d'autres auraient traité le poisson de tous les noms d'oiseaux ou de dame de mauvais genre. J'y ai cru, j'ai été patient, concentré, respectueux, mais ça n'a pas suffit.

Très déçu, je suis très déçu.

Mais c'était quoi au juste ? Castillon ? Truite de mer ? Son corps avait des reflets argentés. Loin d'être longiligne, le poisson était plutôt  dodu et d'une force qui ne vous aura pas échappé, et dont j'ai fait les frais. Un poisson de 50 cm, 3 à 4 livres.Ce comportement pendant le combat est-il digne d'un saumon ? Ma modeste expérience ne me permet pas de répondre. Je ferai appel aux spécialistes qui m'entourent pour tenter de le savoir.

Mais ce n'est pas fini...

J'accroche une bretonne de mai, me semble t'il de circonstance, et surtout... je passe ma pointe en 16/100ème. Une fois suffit !

Je reprends du même endroit. Une petit rond furtif sur ma mouche. Ferrage. Râté. Sa petite soeur peut-être ? J'ai remarqué les jours précédents, quand l'eau très claire permet d'observer le milieu, que ces gros poissons sont rarement seuls.

Ensuite long moment de solitude, à ressasser ce bateau qui m'a dérobé désinvoltement ma plus belle Panama H12.

Une heure passe sans attaque. Une truite de 25cm finira par prendre ma bretonne.

Vers 18h45, en plein centre de la rivière, dans une veine d'eau, ma bretonne disparait à nouveau dans un gobage discret, une aspiration caractéristique. La Loomis ploie à nouveau. C'est du sérieux. Je me rassure en pensant au 16/100ème en pointe et je bride.

Le poisson garde le fond et fait quelques ronds à 5 mètres de moi. Je ne le vois toujours pas. Il va, je bride, il revient, et enfin il se relâche. Il est vaincu !

Une superbe fario de 35 cm, bien ronde, aux couleurs contrastée, à la livrée sombre. Magnifique poisson.

Je l'amène à l'ép... à ma main. Je l'ai... Non, elle me glisse de la main et m'échappe, replonge à mes pieds et je vois aussitôt la bretonne de mai me revenir à la mine. Seule, sans le poisson.

Là une injure m'échappe. Je suis décomposé, déconfit, terrassé.

...Dépité, mais aussi attendu pour le souper, je plie la Loomis et je rentre. C'était une belle partie de pêche mais avec un regret et une bonne leçon :

J'avais négligé d'emporter mon épuisette !

 (Plus jamais !!!)

Salut les moucheurs

Christian